Silence, le Roi dort. [ PV: Dahlia ]

[Labanaïh Kùrssill]

Silence.
Quel doux mot, quelle douce sensation. Ce n'est que dans le silence qu'on ressent la pureté des choses, des couleurs, des êtres, des sentiments, des situations, ce n'est que dans le silence qu'on peut penser et réfléchir correctement, se perdre ou se retrouver, devenir fou ou retrouver la raison, mourir ou naître.
Ce n'est que dans le silence que nous avons nos conscience épurés de tracas maladifs, de choix cornéliens et de superficialité; ce n'est qu'ici qu'il se sentait en sécurité. Dépourvus d'existence, dépourvus de passé, de nom, de lois, de droits, de devoirs, de conscience et de pensée, ni même d'esprit! Il se sentait libre, léger, une plénitude étrange régnait dans son esprit. Il ne savait plus si il était vivant ou trépassé, il n'osait pas ouvrir les yeux. Il sentait que cette humidité angoissante qui faisait tambouriner son coeur au fin fond de sa poitrine, un rythme régulier, diabolique, infernale, qui lui rappellait que, ô non, hélas! Il n'était pas mort. Il était vivant, bel et bien vivant.
Le léger clapotis de l'eau stagnante complétait ce tableau. A chaque bruit fluide et liquide, ses oreilles touffus tressautèrent, son corps vibrait d'un frisson désagréable qui remontait son échine et lui secouait tout le corps imperceptiblement.
Il respirait avec lenteur. Calmait l'angoisse permanente dans son corps, caché perfidement au fond de sa gorge l'empêchant d'être totalement au repos et de s'endormir la conscience éteinte et tranquille.
Il inspirait. Expirait.
Un souffle, non, deux, répétés et lents, profonds et suaves.
Un sourire naquis sur ses lèvres fines, et un petit ronronnement tendre et timide sortit de sa gorge. Il entrouvrit les lèvres, laissant voir le bout de ses crocs pour amplifier son ronronnement.

Il était là, allongé les bras en croix, les jambes écartées, sur un petit talus de terre à quelques mètres du lac souterrain. Une grosse lampe électrique était posé juste à côté de sa tête, éclairant son corps, éclairant le lac et étirant son ombre comme un bonbon gélatineux. Sa queue coincé sur son côté gauche, s'était relevé pour lui chatouiller le ventre au fil de ses respiration et de ses pensées.
Il avait oublié son code vestimentaire habituelle: a l'instar de son pantalon de toile pincé, un jean serré. A la place de sa chemise, il y avait une horreure de T-shirt orange avec un slogan aussi débile que futile pour une quelconque marque d'un quelconque produit. Un sweet blanc-gris couvrait son corps, la capuche rabattue sur son crâne pour protéger ses cheveux blonds de la saleté. Ce sweet était fermé, doublé avec un peu de fourrure blanche. Le pieds total, il avait juste assez chaud pour ne pas faire grand cas de l'humidité du lieux et ne pas tomber dans l'une de ses crises de mauvaise humeur si classique, si habituelle, si dévastatrice.
Ses cheveux attachés avait été ramené sur son ventre pour pas qu'il ne touche le sol un brin boueux et un brin herbeux par endroit où une faible lumière acceptait de passer par un quelconque miracle naturelle. Après tout, Dieu était tout puissant non ?!

Il avait les paupières closes, et les mains à plat sur le sol, les doigts entremêlés avec l'herbe qu'il caressait fébrilement.
Il aurait voulu se perdre éternellement ici, en ce lieux, en cet instant d'apesanteur où il était tiraillé doucement entre son angoisse de l'eau et sa somnolence confortable et reposante. Le lieux lui convenait parfaitement pour se laisser aller à une méditation et une sieste en pleine journée. Il n'y avait personne, il pouvait donc retrouver une certaine insouciance et dénouer les traits de son visage - toujours froncé. Il pouvait chasser sa mauvaise humeur et ses tendances hautaines, il pouvait arrêter d'être sur la défensive prêt à manger le premier qui lui adressait la parole.

Un bruit de pas cassa son harmonie.
Il ouvrit brutalement les yeux, se releva avec autant de précipitation et tourna la tête rapidement vers l'entrée en arche du lac souterrain qui donnait sur les longs couloirs des souterrains pour rejoindre la surface et la lumière du jour.

" Quelqu'un ? Qui subira ta fureur de t'avoir arracher à ce moment de plénitude ? "

Son ronronnement se mua en grognement sourd et sauvage, un bref rugissement s'échappa de sa gorge alors qu'il serra sa mâchoire avec mécontentement. Enervé, irrité! Le revoila dans ses humeurs habituels. Labanaïh chassa sa capuche, sauta sur ses pieds, attrapa la poignée de sa grosse lampe et se dirigea promptement vers l'entrée, dirigeant le faisceau lumineux vers cette dernière.
Un clapotis de l'eau plus fort que les précédents, le fit sursauter, il fit un bond de côté, se tournant vivement vers le lac.
Pourquoi avait-il choisit un lieu où il se sentait à la fois angoissé et reposé ?!

" Cette eau... Toute cette Eau... "

Sa queue fouetta l'air vivement, dans un léger "clac". Ses oreilles s'étaient plaquées contre son crâne. Il éclairait la surface du lac, ayant presque oublié les bruits de pas qui se rapprochaient.

[Dahlia Modlinszka Denaro]

Le soleil était bien présent dans le ciel, il tapait fortement sur les peaux blanches et les faisaient rougir violemment. Aucune once de vent à l’horizon, seulement le soleil et … Le soleil. Sa chaleur écrasante qui en étouffait plus d’un, obligeant les gens à se cacher pour ne sortir qu’à la nuit tombée.
Par cette chaleur la belle, Dahlia était obligé de se diriger vers les souterrains de la ville. Elle y avait trouvé un endroit paisible où personne ne venait car on disait que ces souterrains étaient hantés, mais ce n’est pas une légende urbaine qui allait l’empêcher de se rafraichir.

C’est donc en traversant cette forêt luxuriante, que la belle italienne rageait contre ce temps trop lourd à supporter pour elle. Elle était loin son Italie, avec ses fontaines et ses terrasses, ses glaces à l’italienne et ses délicats jus de fruits frais. En ce moment même, elle s’arrachait les bas sur des ronces et abimait ses belles chaussures italiennes. Si Leopardo la voyait, il l’a tuerai vive.
Cette pensée lui arracha un léger sourire, chose rare quand on connait bien la personne.
Elle marcha encore quelques minutes qui lui semblait être une heure dans cette faune exubérante et sous cette chaleur à faire cuire un œuf à l’air libre, quand elle senti un vent frais lui caresser les jambes et l’odeur d’humidité lui chatouiller les narines.

Enfin, pensa-t-elle.

Dahlia commençait à avancer dans le dédale de pierres qu’était le souterrain, semblable à un labyrinthe. Mais un labyrinthe où elle ne pouvait se perdre, l’ayant déjà fait avant et ayant retenu le chemin sous forme de comptine pour enfant.

- Cammina sempre dritto, gira a destra, gira a sinistra o muore. Cammina sempre dritto, dritto, dritto, gira a sinistra, vedo la luce. Si si, sono arrivata !

Alors qu’elle arrêtait de fredonner sa chanson en entendant le clapotis de l’eau, elle sentit une autre présence. C’était d’abord, une simple impression puis le léger bruit qu’elle percevait, se transforma en un rugissement bestial.

Un animal sauvage ici ?

Pour plus de sécurité, elle prit ses deux armes, Kosiarka dans la main gauche et l’autre dans la droite, avançant à présent à pas de loup.

La mante religieuse italienne était proche de « l’entrée » taillait dans la pierre, quand elle « clac » retentissant se fit entendre et elle sauta sur l’occasion pour faire une entrée fracassante, le genou gauche au sol, la jambe droite lui servant d’appui « terre à terre », Kosiarka était passée sous son bras droit qui était tendu, au cas où quelqu’un se cacherai.

Mais elle ne vit qu’un jeune homme, un hybride, qu’elle n’arrivait pas à identifier à cette distance mais qui était en position d’attaque et cela était suffisant pour irriter Dahlia.

- Que fais-tu ici hybride ? Ton maître n’est pas avec toi ?

Dahlia le dévisagea rapidement, il n’était pas mal. Peut-être s’amuserait-t-elle un peu avec lui, s’il n’était pas trop docile.

[Labanaïh Kùrssill]

Les crocs serrés. Le poil hérissé. Les babines retroussées et sa queue qui fouettait l'air d'agacement et de colère. Une sourde colère l'avait envahis en découvrant que l'auteure de son trouble, de ce moment parfait d'harmonie et de calme, était... Une... Arrogante... Humaine! Labanaïh n'avait pas de mots, ni d'injures assez forte pour exprimer sa redoutable humeur en ces quelques secondes.
Elle avait voleté dans les airs dans un ballet de bruissements de tissus et de tintements métalliques, elle avait - ELLE! Une HUM-AINE! - osé sortir les armes contre lui, roi de la savane, éminent représentant de la classe et de la puissance italienne - sans parler de la beauté. Le lion se retrouvait contrarier au plus haut point, et il ne lui fallut qu'un regard acéré et furieux pour juger de cette petite humaine. Petite. Oui. Bien en chair, certainement, mais pas assez intéressante pour notre lion y trouve son compte... Oh non. Elle avait, oui, des griffes, des vulgaires griffes de métal qu'elle venait de sortir sans conscience de ces choses et de leur maniement. Elle avait peut-être un éclair de folie, ou de sadisme ?! Au fond de ses pupilles, mais... Non. Ca ne faisait pas d'elle un plat de résistance, ou même une entrée!

« Humaine... »

La voix grondante de Labanaïh cracha ce mot avec rage, entre ses crocs, dans un semi-rugissement bestiale qui fit trembler la surface de l'eau.
Divine ondine tranquille s'épanouissant et mourant plus loin.
Comme si la colère du félin n'était pas assez forte; la voix - insupportable! Bien que mélodieuse - de cette humaine sortit de ses lèvres après qu'elle l'ait jugée d'un regard. Un regard si faible, si dépourvu d'admirations qu'on aurait dit qu'elle jugeait... Du bétail. Labanaïh serra ses poings, grondant comme le tonnerre avant l'orage.
Des mots se formèrent, horribles et dédaigneux, arrivèrent à ses oreilles et déclencha un nouveau rugissement de la part de Labanaih dont... Le calme et la maîtrise de soi n'était pas son fort, ni son dada.

" Comment ose-t-elle ? Elle devrait avoir peur! Oui! Devant toi, elle fuira! Elle sera à genou! Tu t'y engages! "

Il fit un pas. Puis un autre, s'approcha sans une once de peur vers l'humaine et ses griffes ridicules. Fier, et sauvage, le regard fixe et noir sur cette créature sans une once de grâce, que de la peau, pas le moindre poil, pas la moindre effluve animale!
Non, juste de la peau.

« Quel maître ? Celui, parmi d'autre, qui m'avait confondue avec un chat et que j'ai égorgé dans leur sommeil... ? Ce genre de maître... ? »

Un sourire carnassier se peignit sur les lèvres du lion. Il fourra les mains dans ses poches, redressa le menton, fit tomber sa capuche sur ses épaules, découvrant ses oreilles arrondis et dressés, et sa longue chevelure faisant illusion de crinière. Il se pencha, en avant, et jugea du visage de cette humaine.. Humaine... Humaine, que ce terme l'agaçait!

« Tu n'es pas en mesure de poser des questions. Même avec ces griffes ridicules. »

Il jeta un regard éloquent et méprisant sur les armes qu'elle brandissait. Labanaïh les effleura d'un doigt avant de faire mine de se couper, de souffler sur cette coupure imaginaire et d'esquisser un sourire dés plus amusé. Les humains n'avaient vraiment rien compris! Eux, les "hybrides" avaient des griffes et des crocs! Et lui possédait les plus beaux de tous! Longs, légèrement courbé, épais, tranchant! Prêt à déchiqueter la moindre viande avec sauvagerie et pourtant une classe qu'on lui enviait, parfois.
Le lion remonta son regard condescendant sur le visage de l'humaine.

[Dahlia Modlinszka Denaro]

Dahlia regardait le spécimen devant elle, une perle rare semblait-il. Il n’était pas docile ça c’était évident, une petite chose se serait abaissé plus bas que terre, le regard suppliant et aurait fui à la moindre occasion ; alors que lui prenait appui dans le sol prêt à lui bondir dessus et la jugeait d’un regard empli de… dégoût et de supériorité. Mais ce qui mit un mot dans l’esprit de la jeune italienne fut grâce à la puissante voix faisant frémir l’eau qui semblait s’écarter de lui par onde.

Sauvage.

Une force sauvage et hautaine qui ne supportait pas la présence des autres sans son accord et jugeant les autres comme très inférieur. Modlinzka s’apprêtait à ranger des armes quand elle se rendit compte que la personne lui faisant face ne marcherait pas à l’intimidation mais les pas se rapprochant soudainement d’elle l’en empêchèrent.

Cet hybride ne se prenait vraiment pas pour quelqu’un du peuple et il osait lui parler de la sorte, ne l’avait-il pas reconnu !? Elle était connue dans le monde entier, en tant que fille Denaro mais aussi en tant que Modlinska. Venait-il de la savane ?
La jeune femme s’allait parler quand elle vit les oreilles du jeune homme à découvert et cette crinière fauve… C’était bien l’adjectif adéquat. L’hybride était un lion et pas n’importe lequel, il semblerait que ce soit le roi, lui-même.

C’est trop d’honneur, pensa-t-elle.

Elle regarda attentivement la petite scène du lion avec un rictus, puis encra son regard dans le sien.

- Je pense que mes ridicules « griffes » sont assez puissantes pour au moins te blesser. Donc nous allons nous présenter car, je pense que nous ne nous somme pas reconnus. Même si grâce à mon intelligence supérieure j’ai compris que tu étais surement un Roi, vu ton attitude condescendante.
Je me nomme Dahlia, je suis la fille de Matteo Denaro le chef de la mafia italienne.

A présent, seul le lion pourrait choisir l’issue de cette entrevue. Baissant ses armes pour montrer qu’elle ne souhaitait pas un combat à mort et recula de deux pas bien ferme, puis s’éloigna vers le lac tout en regardant discrètement son vis-à-vis.

L’éloignement lui paraissait la meilleure stratégie à entreprendre mais comment le prendrait ce cher roi, étant donné que Dahlia ne lui avait pas laissé le temps de lui répondre face à face ?
Cela lui importa peu. Elle ne souhaitait pour le moment que rafraîchir sa nuque. S’il le fallait, elle défendrait sa vie mais cet instant n’est pas encore arrivé depuis des lustres.

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